René Alt, professeur émérite de l’UPMC, est décédé le 28 avril 2017 à 71 ans
Notre ami René est parti...
Nous garderons le souvenir reconnaissant d'un collègue affable, serviable et profondément dévoué au bien commun. Sa vie nous offre un exemple de réussite et une source d'enseignements.
Son père, Jean Alt, ingénieur en chef de la météorologie, a participé à l'année géophysique internationale en 1957-1958 et a donné son nom à un glacier de l'Antarctique. René fait des études scientifiques, passe un CAPES de mathématiques et, en septembre 1968, devient enseignant à Chatenay-Malabry. Sur le conseil d'Alain David, il fait un "pas de côté" et s'oriente vers l'informatique en 1971. Il travaille sous la direction de Jean Vignes, spécialiste des algorithmes numériques, plus particulièrement de l'analyse de leurs performances et de la marge d'incertitude dans leurs résultats.
À la même époque, en rencontrant son épouse il s'ouvre au monde du concours hippique, où il développe ses qualités naturelles d'élégance et d'attention à l'autre.
Nommé professeur à Caen en 1985, il y crée un axe de recherche sur le calcul numérique et le parallélisme. Il est un acteur majeur dans l'ouverture en 1986 du DEA intelligence artificielle et algorithmique, dont il est le premier responsable. Ce DEA accueille des étudiants de l’université et de l'ENSI de Caen.
Il revient ensuite à l'UPMC en 1992 sur un poste double appartenance informatique-géologie. Il introduit alors l'informatique et plus particulièrement la programmation dans les enseignements obligatoires de la licence de sciences de la Terre. Une démarche novatrice en 1992 !
Ses principaux travaux de recherche portent sur la validation numérique des logiciels par approche probabiliste. Il s'intéresse à des domaines variés : analyse numérique, statistiques, probabilités, calcul haute performance, imagerie médicale,... Il encadre 11 thèses tout au long de sa carrière. Il organise des réunions comme le congrès international SCAN (Scientific Computing, Computer Arithmetic and Validated Numerics) en 2002 à Paris. Ouvert aux autres, il développe des collaborations internationales notamment avec l'équipe de Svetoslav Markov à l'Académie des Sciences de Bulgarie sur l’étude des propriétés et des structures algébriques de l’arithmétique stochastique continue et discrète. Ce travail s’est prolongé sur une quinzaine d’années. Svetoslav et René sont devenus de grands amis. La retraite de René n'a pas mis fin à leur collaboration : leur dernier article a paru quelques jours avant son décès.
En 2001, avec l'appui de Jean Lemerle, alors président, il met à profit la convention de collaboration entre l'UPMC et l'université privée Louis-Pasteur de l'Île Maurice, pour préparer des étudiants mauriciens aux études de médecine et d'informatique en France. Ces enseignements laisseront des souvenirs émerveillés à de nombreux collègues.
Directeur de l'UFR d'informatique en 1997, il a réussi à gérer le délicat transfert des laboratoires d'informatique qui a permis d'entamer le désamiantage du campus Jussieu. Grace à l'expérience acquise il fait alors un second "pas de côté" et rejoint l'équipe présidentielle de Gilbert Béréziat qui l'appelle en 2001. Il participera ensuite à celle Jean-Charles Pomerol. Il a été vice-président du conseil d’administration, et responsable du directoire des affaires générales et des moyens à l’UPMC. Lié d'amitié avec Béréziat, lorsque ce dernier a pris la direction des relations internationales, il l'a accompagné dans ses missions - satisfaisant ainsi un goût pour les voyages qui ne s'est jamais démenti.
Dès sa retraite en 2010, il a été un des membres fondateurs du groupe des Anciens, où ses talents diplomatiques ont été essentiels. Il a quitté l'équipe de coordination en 2016 sous la pression de la maladie qui vient de l'emporter.